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Suspicion de cancer de la prostate : vais-je devoir subir une biopsie ?

Votre urologue suspecte un cancer de la prostate ? Dans certains cas, il vous proposera une biopsie. Quand cet examen est-il prescrit, comment se déroule-t-il et quelles sont les techniques d’intervention ? Le Dr Jonathan Olivier, urologue au CHU de Lille nous éclaire sur cette procédure diagnostique.

 

Avec près de 50 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année, le cancer de la prostate est le plus fréquent des cancers de l’homme. Il s’agit du troisième cancer masculin le plus mortel (8 000 morts par an) après celui du poumon et du colon. Sa survenue commence vers l’âge 50 ans.

Dépister pour soigner

Un cancer de la prostate diagnostiqué en phase précoce, est généralement de bon pronostic avec un taux de guérison de plus de 95 %. Repéré trop tard, ce cancer peut se transformer en maladie métastatique. On comprend l’importance du dépistage individuel dont l’examen de référence est le dosage de PSA (Prostate Specific Antigen ou antigène spécifique de la prostate) associé à un toucher rectal tous les 2 ans. L’âge, les antécédents familiaux de cancer de prostate et du sein, et l’origine ethnique, sont les principaux facteurs de risque de cette maladie. Plus de 80 % des cancers de la prostate sont diagnostiqués alors qu’ils sont encore localisés à l’organe. Les protocoles de dépistage ont beaucoup évolué ces dernières années et les biopsies de prostate ne sont plus systématiques lorsque le PSA est augmenté.  En effet, une IRM est prescrite en première intention. Si elle est normale, en présence d’un faible risque clinique (densité du PSA inférieure à 0,15/ng/ml/ml) et sans antécédents familiaux, la biopsie n’est pas proposée dans la plupart des cas. Il s’agit d’une décision que l’urologue partage avec son patient.

L’apport considérable de l’IRM

Dans le cas inverse, si l’IRM suspecte un nodule tumoral, cela va permettre de guider la biopsie. « Depuis 2011, l’IRM pré-biopsique a révolutionné le dépistage. Grace à la très bonne sensibilité de l’examen, 25 à 30 % des patients se présentant avec un PSA augmenté évitent la biopsie », explique le Dr Jonathan Olivier. Couplée au dosage de PSA, l’IRM participe au tri des patients parmi ceux ayant besoin d’une biopsie et ceux pouvant l’éviter. Le sur-diagnostique est ainsi réduit. « Lorsqu’elles sont nécessaires, les biopsies bénéficient de l’apport de l’imagerie par résonnance magnétique (IRM). On parle de biopsies ciblées associées à l’IRM, visant uniquement la partie atteinte de la prostate », précise le spécialiste lillois.

Comment se déroule la biopsie ?

S’il doit avoir une biopsie, le patient est informé de l’objectif de la procédure et prévenu des complications rares mais possibles (risques hémorragique, allergique et infectieux). Pour prévenir la survenue des complications éventuelles, l’équipe médicale vérifie avec le patient s’il a bien arrêté ou relayé son traitement anticoagulant, s’il n’est pas allergique aux produits utilisés pour l’anesthésie locale et qu’un antibiotique adapté lui a été prescrit. L’examen se réalise en soins externe et dure entre 15 et 30 minutes. Les biopsies de prostate sont en majorité faites sous anesthésie locale.  Si l’urologue procède à une biopsie par voie transrectale (à travers la paroi du rectum) le risque infectieux est prévenu par un antibiotique.  « Si l’examen est fait par voie trans-périnéale (à travers la peau du périnée), il est possible de sursoir à la prise d’antibiotiques car le risque infectieux est diminué. Les deux examens sont indolores grâce à l’anesthésie locale et une sonde d’échographie endo-rectale est utilisée. Les deux techniques permettent d’atteindre toutes les lésions même les plus petites, grâce à l’échographie », nous explique le Dr Olivier. Chaque urologue en discutera les avantages et les inconvénients avec son patient. Le médecin effectue douze prélèvements répartis dans les deux lobes de la prostate. Ils sont associés à deux à quatre prélèvements ciblés sur la ou les zones suspectes à l’IRM. Les prélèvements sont ensuite envoyés à un anatomopathologiste qui les examinera à l’aide d’un microscope afin de conclure à un diagnostic. La biopsie est un allié indispensable pour l’urologue ou l’oncologue dans le déploiement du plan de traitement du patient atteint d’un cancer de la prostate.

 

Vanessa Avrillon

23-10-2023

Le contenu de cet article a été validé par le Comité de Cancérologie de l’AFU.

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