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Troubles éjaculatoires : surtout parlez-en !

Plus ou moins fréquents en fonction de l’âge ou de l’état de santé des hommes concernés, les troubles éjaculatoires sont rarement graves. Sujet globalement tabou, il suffit pourtant parfois d’en parler pour entrevoir une solution. La consultation d’un urologue est vivement conseillée.

Éjaculation prématurée, anéjaculation, éjaculation rétrograde, retard à l’éjaculation, hémospermie ou éjaculation douloureuse sont autant de troubles possibles. Leur impact psychologique s’accompagne souvent de conséquences sur l’estime de soi, la relation de couple et la sexualité dans son ensemble. Parce qu’il peut y avoir autant de troubles que de solutions, libérer la parole sur ce sujet délicat apparaît comme une évidence. En démystifiant la pathologie, on dédramatise la situation et on réduit l’angoisse associée. Sans compter que dans la plupart des cas, ces symptômes ne sont pas graves. Mais ils doivent conduire à consulter.

 

L’éjaculation prématurée

L’éjaculation prématurée est le trouble le plus fréquent de la sexualité. Assez répandue, elle touche 15 à 20 % des hommes de tout âge. « Il ne s’agit pas d’un problème de durée mais plutôt d’absence de contrôle, précise le Dr Charlotte Methorst, urologue au centre hospitalier de Saint-Cloud et membre du comité d’andrologie et de médecine sexuelle de l’AFU. À chaque rapport sexuel, de façon systématique, l’homme ne parvient pas à retarder son éjaculation ». L’éjaculation prématurée peut démarrer au début de la vie sexuelle et perdurer ou apparaître avec l’âge. « Parfois secondaire, elle peut survenir chez des hommes qui ont une légère dysfonction érectile, ne parviennent pas à maintenir l’érection et vont donc éjaculer plus précocement », explique la spécialiste. Dans certains cas, il peut s’agir d’une éjaculation prématurée intermittente. Une nouvelle rencontre, un épisode de stress sont la cause d’une éjaculation prématurée qui n’est pas grave puisque non constante. « L’éjaculation prématurée est traitée de façon mixte, intégrative. La prise en charge repose sur la pharmacopée complétée par une thérapie cognitivo-comportementale », indique le Dr Methorst. Les traitements médicaux sont basés sur les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine. La dapoxétine est l’un d’eux et le seul ayant une autorisation de mise sur le marché dans cette indication. La durée de vie du traitement est courte, c’est pourquoi il est prescrit en prise juste avant le rapport sexuel. Le Priligy ® permet de retarder l’éjaculation d’une à trois minutes environ. Le Dr Methorst conseille également l’utilisation de topiques locaux : « ils sont composés d’un mélange de lidocaïne et de xylocaïne que l’on applique juste avant le rapport sexuel. Leur efficacité repose sur la désensibilisation du pénis. Cela diminue un peu les sensations mais permet de retarder l’éjaculation ». La pharmacopée est associée à des thérapies accompagnatrices psycho-sexuelles. La technique du squeeze qui consiste à pincer la base du pénis pour retarder l’éjaculation a prouvé son efficacité. Celle du Sensate Focus (resensibilisation sensorielle) aussi. Conçue à l’origine comme une méthode de relaxation, elle donne de très bons résultats dans la gestion de la dysfonction érectile et l’éjaculation précoce. Seul ou avec sa partenaire, on prend le temps de découvrir le corps, en massant et caressant toutes les zones à l’exception des zones génitales. « Les spécialistes proposent également des thérapies cognitivo-comportementales de renforcement de la confiance en soi. Les solutions sont multiples, insiste le Dr Methorst. Il ne faut pas hésiter à consulter un urologue, un sexologue ou un psycho-sexologue ».

 

L’anéjaculation

L’anéjaculation anorgasmique primaire correspond à l’incapacité à atteindre l’orgasme et à éjaculer. Ce trouble très rare, et qui ne touche que 2 % des hommes, peut apparaître précocement, dès le plus jeune âge. Il s’agit d’une problématique plutôt psychogène qui requiert un travail avec un sexologue, une prise en charge uniquement sexologique avec des thérapies cognitivo-comportementales pour traiter par exemple une angoisse ou un stress. « On rencontre également des anorgasmies anéjaculatoires circonstatielles : le patient va avoir une éjaculation et un orgasme à la masturbation mais pas lors du rapport sexuel, explique le Dr Méthorst. Ce trouble a des origines psycho-sexuelles et implique un travail avec un thérapeute. Il est traité à l’aide de thérapies cognitivo-comportementales ». L’anéjaculation avec orgasme arrive plus tard dans la vie. Elle est le plus souvent la conséquence d’une neuropathie diabétique ou fait suite à une chirurgie de prostate, de vessie, du rectum, du sigmoïde ou de l’aorte abdominale. Ces chirurgies sont susceptibles d’entrainer des problèmes d’anéjaculation. « Un retard à l’éjaculation est possible en cas de prise de certains médicaments comme ceux prescrits pour un adénome de la prostate ou ceux utilisés pour soigner les troubles dépressifs. Il s’agit d’un effet secondaire bien connu dont les patients sont informés », précise l’urologue. Quant à la diminution du volume de l’éjaculation, elle est une conséquence du vieillissement de la sphère génitale et donc très fréquente chez les patients âgés. Il n’existe pas de traitement spécifique, sachant que le volume éjaculatoire n’a pas conséquence sur la qualité du rapport ni de lien avec l’intensité de l’orgasme.

 

L’éjaculation douloureuse

L’éjaculation douloureuse peut avoir de multiples causes comme une inflammation chronique de la prostate (prostatite chronique) ou des antécédents infectieux. Ce trouble apparait aussi chez les patients suivis pour des difficultés à uriner. « Il faut consulter un urologue pour trouver un traitement spécifique de la problématique, qu’il s’agisse d’un adénome de prostate ou d’une prostatite chronique par exemple », conseille le Dr Methorst.

 

L’hémospermie

L’hémospermie correspond à la présence de sang dans le sperme. Ce symptôme peut être angoissant pour les patients. Dans une grande majorité des cas, l’hémospermie apparaît sans pathologie spécifique et disparaît seule. Chez l’homme jeune, elle suggère la présence d’une infection. Chez l’homme plus âgé, en cas d’hémospermie, la recherche d’un éventuel cancer de prostate associé est réalisée. Le Dr Methorst est formelle : « Ce symptôme doit amener à consulter mais dans la majorité des cas, l’hémospermie n’est pas liés à une pathologie grave. L’urologue propose de réaliser un examen clinique complet : recherche d’une bactérie dans les urines, dosage de PSA, échographie du rein, de la vessie, de la prostate. En fonction des résultats de ces explorations, seront écartés l’infection, l’inflammation, le calcul ou le cancer de prostate ».

 

L’éjaculation rétrograde

Dans l’éjaculation rétrograde, au lieu d’être évacué, le sperme part en direction rétrograde et remonte dans la vessie. On retrouve alors des traces de sperme à l’examen d’urine. Certaines chirurgies, notamment celle de la prostate, peuvent être là l’origine d’une absence de sperme visible. Le diabète et la prise de certains médicaments entrainent aussi ce trouble. Cette dysfonction n’a pas d’impact sur la qualité de l’orgasme, mais peut éventuellement en avoir sur la fertilité. D’où l’importance de consulter !

 

Vanessa Avrillon

Cet article a été relu et validé par le médecin interviewé, le Dr Charlotte Methorst, membre du Comité d’Andrologie et de Médecine Sexuelle de l’AFU. 

 17-11-2023

Crédit photo : AdobeStock_59110376

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