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Troubles érectiles : la petite pilule bleue mais pas que !

Passés 60 ans, les troubles érectiles sont une pathologie fréquente. Chez certains hommes, ils peuvent apparaître dès 50 ans ou même plus tôt dans la vie. L’origine de ce dysfonctionnement sexuel est mixte et associe souvent des facteurs psychogènes et organiques.

« L’âge est le principal facteur de risque de troubles érectiles et ce, même si l’homme est en bonne santé, qu’il pratique une activité sportive, qu’il ne fume pas et se nourrit bien », nous éclaire le Dr Charlotte Methorst, urologue au centre hospitalier de Saint-Cloud et membre du comité d’andrologie et de médecine sexuelle de l’AFU. « Plus l’homme avance en âge, plus les facteurs organiques prennent le pas sur d’éventuels facteurs psychogènes ». Le diabète, l’hypertension artérielle, les pathologies cardio-vasculaires, les dyslipidémies (cholestérol et/ou triglycérides élevés), la prise de poids, la sédentarité sont d’autres causes prédisposant aux troubles érectiles. Certains patients présentent ce dysfonctionnement de l’érection après une chirurgie comme celle du cancer de la prostate ou du rectum. Des radiothérapies ou des traitements prescrits pour soigner d’autres pathologies (pression artérielle, syndrome dépressif, troubles cardiovasculaires), peuvent également entraîner des répercussions sur la qualité de l’érection.

 

Rechercher les causes

La prise en charge médicale des troubles de l’érection consiste dans un premier temps à faire le point avec le patient sur cette pathologie. Le spécialiste procède à un examen clinique et à un interrogatoire global à la recherche de facteurs de risques médicaux ou psychogènes. « Nous faisons un tour d’horizon de la vie du patient, tant sur le plan médical que psychologique ou social. Nous recherchons par exemple d’éventuels épisodes de stress ou des problèmes conjugaux qui pourraient être à l’origine du trouble sexuel, détaille le Dr Methorst. Ensuite, nous proposons au patient d’instaurer des changements dans son mode de vie comme perdre un peu de poids ou modifier ses apports nutritionnels en consommant une alimentation variée basée sur le régime méditerranéen. Nous lui conseillons aussi de pratiquer un sport et de lutter contre la sédentarité. Il n’y a pas de formule magique mais plusieurs moyens pour améliorer les troubles de l’érection ».

 

Un arsenal thérapeutique

Les médicaments prescrits pour pallier les troubles érectiles traitent le symptôme en solutionnant le manque de rigidité. Ils ne sont en revanche pas curatifs du symptôme. Il est donc question d’une thérapie au long cours. « Le premier axe de traitement correspond aux médicaments appelés les inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 », explique la spécialiste. Le Viagra®, dont la réputation n’est plus à faire, est le premier d’entre eux, mis sur le marché il y a une vingtaine d’années. « Ces médicaments sont sans risques du point de vue de la santé cardiovasculaire », rassure-t-elle. Le tadalafil est prescrit en prise journalière ou à la demande. Des études ont démontré que les hommes en consommant de façon quotidienne ou épisodique présentaient moins d’événements cardiovasculaires que leurs congénères n’en consommant pas. Le Dr Methorst met tout de même en garde : « Il y a quelques contre-indications à ces traitements. Un homme qui aurait récemment souffert d’un AVC ou d’un infarctus, ou dont l’hypertension artérielle ne serait pas bien contrôlée ne se verra pas prescrire ce type de médicament ». Dans tous les autres cas, le traitement peut être pris sans crainte car il n’existe aucun surrisque de faire un infarctus. Mais il arrive que des patients ne répondent pas aux IPDE5 ou ne souhaitent pas en prendre. D’autres options thérapeutiques sont alors possibles, nous précise l’urologue de l’hôpital de Saint-Cloud : « nous proposons un traitement à base de prostaglandine ayant un effet vasodilatateur direct au niveau du pénis ». Ces médicaments existent en injectable : une demi-heure avant le rapport sexuel, le patient s’injecte le produit dans le pénis. « La piqure est quasi indolore, rassure l’urologue. Et il existe aussi un gel à base de prostaglandine que l’on met dans l’urètre et qui améliore la fonction érectile ». Les ondes de choc focalisées constituent un autre élément de l’arsenal thérapeutique plutôt bien achalandé. Elles se réalisent au cabinet du spécialiste. « Il s’agit d’une énergie acoustique que l’on applique sur le pénis au cours de six séquences étalées sur 3 semaines. Chez certaines catégories de personnes, les ondes de choc focalisées vont améliorer la fonction érectile. L’efficacité est prouvée sur une durée d’environ deux ans », précise le Dr Methorst. Néanmoins, cette technique ne s’adresse pas à des patients souffrant d’une dysfonction érectile majeure, ni en situation de post chirurgie. Elle est réservée à une population de patients bien choisie et motivée.

 

La voie chirurgicale

Pour les patients ne répondant à aucune de ces thérapeutiques, refusant la prise de médicaments au long cours ou n’étant pas à l’aise avec les injections, la solution des implants péniens est une option intéressante pour retrouver une sexualité avec une verge rigide. « Certains urologues proposent cette chirurgie, nous informe le Dr Methorst. Il s’agit d’introduire un implant en silicone dans les corps caverneux – parties du pénis qui se gonflent au moment de l’érection -. Cet implant va donner une rigidité pendant le rapport sexuel ». Lorsqu’il est au repos, l’implant hydraulique est invisible. Au moment du rapport sexuel, l’homme active la pompe placée sous le scrotum. À la fin du rapport, il appuie de nouveau pour dégonfler l’implant. « La satisfaction des patients est très bonne avec ce dispositif qui permet une sexualité à nouveau spontanée. Les implants péniens n’ont aucun impact sur la longueur du pénis, sur les sensations ou sur l’éjaculation, prévient le Dr Methorst. Ils donnent une rigidité dont les patients sont généralement très satisfaits ».

 

Autant de solutions que de patients

La spécialiste du Comité d’andrologie et de médecine sexuelle de l’AFU se veut rassurante : « il y a autant de solutions que de patients. La problématique est souvent mixte avec des origines organiques et psychologiques liées à l’angoisse de performance. La prise en charge médicale peut être associée à une prise en charge psychique afin de réduire cette angoisse de performance ». Les troubles de l’érection trouveraient leur solution dans l’association de thérapies médicamenteuses et de thérapies intégratives courtes, cognitivo-comportementales pour apprendre à gérer le stress, retrouver la confiance en soi ou traiter une problématique d’entente dans le couple. L’objectif prioritaire étant de désamorcer l’angoisse. Les sexologues et certains urologues proposent ce type de thérapies.

 

L’arbre qui cache la forêt

Quoiqu’il en soit, il est indispensable de consulter car, la dysfonction érectile est un signal fort de risque de pathologie cardio-vasculaire dans les années qui suivent l’apparition du trouble sexuel. Le lien avec la santé cardiaque n’est malheureusement pas toujours connu. « Lorsque l’on prescrit un médicament pro-érectile, il n’y a pas de risque d’infarctus du myocarde, précise encore le Dr Methorst. Mais le trouble érectile est un fort signal d’alerte. Ce sont des patients qui, du fait de leurs pathologies globales, vont développer un risque de problématique d’origine cardio-vasculaire quelques années plus tard ». Ces patients seront adressés de façon formelle à un cardiologue qui s’assurera de l’absence de pathologies sous-jacentes. Les artères du pénis sont très petites (entre 2 et 3 mm de diamètre). Les troubles érectiles causés par une mauvaise circulation sanguine à travers ces artères sont un signal d’alarme à ne pas négliger.

 

Vanessa Avrillon

21-11-2023

Cet article a été relu et validé par le médecin interviewé, le Dr Charlotte Methorst, membre du Comité d’Andrologie et de Médecine Sexuelle de l’AFU. 

 Crédit photo : AdobeStock_459245170

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