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Déficit en testostérone : Ne pas se résigner !

L’andropause est à l’homme ce que la ménopause est à la femme. Avec quelques nuances tout de même, tant du point de vue des symptômes que de celui de la prise en charge. Souvent passé sous silence, le déficit en testostérone peut facilement être traité. À la condition d’en parler à son médecin.

Chez l’homme, la chute de la testostérone est progressive et variable d’un individu à l’autre. À partir de l’âge de 30 ans, les hommes perdent chaque année 1 % de leur testostérone. Ce pourcentage croit avec l’âge notamment après 60 ans. Lorsque le niveau de l’hormone est trop bas, divers symptômes apparaissent. « Cette symptomatologie est assez variable, explique le Dr Antoine Faix, chirurgien urologue, andrologue et spécialiste de la chirurgie génitale masculine. La baisse du désir, la diminution des érections spontanées – notamment les érections matinales -, une diminution de la qualité de l’érection conduisant souvent à une réduction de la fréquence des rapports, mais également des orgasmes moins intenses, un retard à l’éjaculation, sont quelques-uns des symptômes qui s’installent avec le déficit en testostérone ». Il s’accompagne également d’une panoplie de signes non sexuels comme l’asthénie, les troubles du sommeil, une anémie, un tonus en berne, une irritabilité, une anxiété, un mal-être, une prise de poids sans modification du régime alimentaire, une faiblesse musculaire, des troubles cognitifs. « La testostérone est l’hormone du tonus sexuel, physique et psychique », précise le Dr Faix qui met en garde contre le risque d’ostéoporose et de fractures associées.

 

Le diagnostic

Pour diagnostiquer cette carence hormonale, le médecin traitant procède à un interrogatoire du patient afin de comprendre si celui-ci ressent, en plus des signes sexuels, une fatigue anormale ou un manque de tonus. Un dosage de la testostérone est prescrit. Il doit être effectué le matin à jeun et renouvelé en cas de doute le mois suivant le premier prélèvement car la testostéronémie est assez fluctuante. Si le déficit est avéré, le médecin réalise une enquête étiologique pour en comprendre l’origine. « Surtout s’il s’agit d’un patient âgé de 40/50 ans, remarque le Dr Faix. Dans ce cas, on pousse les explorations afin de rechercher d’éventuelles pathologies associées. Par exemple, le fait d’être diabétique, de souffrir d’une pathologie chronique ou cardiovasculaire, d’un cancer, d’être porteur du virus HIV peut entrainer une diminution de la testostéronémie. D’autres facteurs comme la prise de corticoïdes, d’antipsychotiques, d’opioïdes, d’antirétroviraux, d’anticonvulsivants, de traitements anticancer peuvent également être impliqués dans le déficit androgénique ». Dans le cas d’hommes très jeunes souffrant d’une carence en testostérone, on s’interroge sur la présence éventuelle d’une maladie génétique ou neurologique. Parfois sont en cause des anomalies centrales, c’est à dire au niveau neurologique hormonal (hypogonadisme hypogonotrope (1)). L’adénome à prolactine est un petit adénome bénin situé au niveau de l’hypophyse et qui va comprimer les cellules et empêcher les hormones hypophysaires (FSH et LH qui stimulent le testicule pour fabriquer la testostérone) de fonctionner correctement. Maladie génétique de l’homme jeune associée à la stérilité, le syndrome de Klinefelter (2) est également à l’origine d’un déficit androgénique.

 

L’androgénothérapie

Une fois écartées toutes les pathologies susceptibles de favoriser le syndrome de déficit en testostérone et obtenue la certitude qu’il s’agit simplement du vieillissement naturel de l’homme, le médecin propose un traitement hormonal de substitution comme cela existe pour les femmes ménopausées. « Le déficit androgénique est facilement traité, rassure le spécialiste. Le but étant d’équilibrer le dosage hormonal en « se remettant dans les clous ». Il n’est pas question devenir un surhomme, mais juste de mieux vieillir en restaurant un taux de testostérone suffisant pour que le patient se sente mieux sur le plan physique, sur le plan psychique et sur le plan sexuel. C’est vraiment une prise en charge globale de l’homme vieillissant, mais pas une quête de surperformance ». Le traitement androgénique est prescrit sous forme de gel que le patient applique sur ses épaules le matin après la douche et sur une peau sèche. Avant de s’habiller, le patient doit attendre une quinzaine de minutes que le gel sèche et soit totalement absorbé par la peau. L’androgénothérapie existe également sous forme d’injections intramusculaires toutes les trois semaines ou tous les trois mois. Le gel et l’injection tous les trois mois ne sont pas pris en charge par la sécurité sociale, avec un coût mensuel variable de 50 à 80 euros. 

 

Une efficacité progressive et durable

La supplémentation en testostérone au long cours permet une amélioration des symptômes progressive. « Avec la restauration d’un niveau hormonal suffisant, les patients se sentent rapidement mieux, moins fatigués. Ils ne souhaitent généralement pas arrêter le traitement », assure le Dr Faix. La surveillance du patient comporte un bilan clinique et biologique à trois, six et douze mois après l’instauration du traitement, puis annuellement. Si nécessaire, la posologie est ajustée en augmentant ou en diminuant la dose d’hormone prescrite.

 

Très peu de contre-indications

Les contre-indications au traitement existent mais sont rares. L’hormonothérapie est clairement proscrite en présence d’un cancer du sein ou d’un cancer de la prostate évolutif. D’où l’importance du dépistage par un toucher rectal et un dosage du PSA et la palpation mammaire. Même proscription en cas de polyglobulie (excès de globules rouges) ou s’il s’agit d’un patient jeune qui souhaite des enfants car l’androgénothérapie bloque la fertilité et est l’équivalent d’un contraceptif. Les hommes souffrant d’apnée du sommeil sévère, d’une pathologie cardio-vasculaire sévère et non équilibrée, ayant des antécédents de phlébite ou d’embolies pulmonaires ne peuvent pas suivre une hormonothérapie. 

 

Retrouver une bonne hygiène de vie

Dans le traitement du déficit en testostérone, conserver une bonne hygiène de vie joue un rôle essentiel. Pratiquer une activité physique régulière, suivre un régime alimentaire équilibré et sain et bien dormir améliorent l’état du patient de façon non médicamenteuse et non interventionnelle mais néanmoins certaine. L’androgénothérapie est prescrite exclusivement pas un urologue ou un endocrinologue. Parlez-en à votre médecin !

 

Vanessa Avrillon

19-01-2024

Cet article a été relu et validé par le médecin interviewé, le Dr Antoine Faix.

 

(1) Hypogonadisme hypogonadotrope : synthèse insuffisante des hormones sexuelles (d’origine testiculaire due à la diminution de la sécrétion des gonadotrophines LH et FHS (hormones hypophysaires).

(2) Le syndrome de Klinefelter est dû à une anomalie du nombre des chromosomes sexuels chez l’homme. Habituellement, l’homme a 46 chromosomes dont un chromosome sexuel X et un Y. Ce syndrome se caractérise par la présence d’au moins un chromosome X supplémentaire.

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