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Incontinence urinaire : les techniques conservatrices

Plus de 3 millions de français sont concernés par l’incontinence urinaire. Si elle est une pathologie accentuée par le vieillissement, l’incontinence urinaire empoisonne également la vie de femmes et d’hommes jeunes. Un éventail de solutions conservatrices existe pour éviter la chirurgie. Voici quelques conseils avisés.

 

« Il y a beaucoup d’idées reçues sur l’incontinence urinaire, notamment celle que la chirurgie serait l’unique option proposée par les spécialistes », explique le Pr Benoît Peyronnet, urologue responsable du comité d’urologie et de périnéologie de la femme à l’AFU. Différentes options naturelles ou thérapeutiques existent pour soulager les patients souffrant d’incontinence urinaire.

 

Les règles hygiéno-diététiques

Parmi les traitements conservateurs non chirurgicaux et non pharmacologiques de l’incontinence, celui dont l’efficacité a été maintes fois établie, est la mise en place de mesures hygiéno-diététiques. Et ce, quel que soit le type d’incontinence. Le Pr Peyronnet nous le confirme : « Un essai randomisé publié dans le New England Journal of Medicine en 2009 montre qu’on a une amplitude d’effets importante sur l’incontinence grâce à la perte de poids ». Ajoutées à la lutte contre la surcharge pondérale, d’autres habitudes de vie ont une efficacité certaine. « Arrêter de fumer améliore la vascularisation de la paroi vésicale limitant les phénomènes d’ischémie qui peuvent notamment être source d’hyperactivité vésicale. Bien entendu, cela réduit aussi les risques de cancer de vessie à l’origine de troubles de la continence », ajoute le spécialiste. Pour soulager les incontinences nocturnes plus spécifiquement, il conseille la diminution des apports hydriques le soir, en privilégiant les apports hydriques le matin et à l’heure du déjeuner. Il est également important, surtout pour les patients souffrant d’incontinence par hyperactivité vésicale, d’éviter les aliments considérés comme irritants pour la vessie : café, thé, alcool, alimentation épicée, sodas. Le Pr Peyronnet nous en explique la raison : « Il est clairement démontré qu’avec la consommation de caféine, la composition de l’urine est différente et stimule plus volontiers les récepteurs de la vessie ».

 

La rééducation périnéale

La rééducation périnéale au sens très large et non genrée est très efficace. « Les exercices de contraction périnéale (méthode Kegel) renforcent la musculature du plancher pelvien. Ils offrent de bons résultats notamment dans l’incontinence d’effort. Ils sont conseillés chez l’homme avant ou après prostatectomie pour cancer et chez la femme en pré ou post-partum », précise le Pr Peyronnet. D’autres techniques fonctionnent autant chez l’homme que chez la femme, comme celle d’apprendre à verrouiller son périnée avant les efforts de toux. L’incontinence par hyperactivité peut quant à elle être solutionnée grâce à la rééducation par réentrainement vésical (bladder training). « Cette technique suppose, lorsque l’urgence d’uriner se présente de tenter progressivement d’augmenter le délai avant d’aller aux toilettes (1mn, puis 3mn, puis 5mn…) pour allonger progressivement le temps entre les mictions et apprendre à tenir le plus longtemps possible ». L’urologue met tout de même en garde : « Pour éviter les infections, il ne faut pas se retenir trop. Mais il faut éviter d’uriner toutes les 30mn. On appelle cela la pollakiurie de précaution qui consiste à aller uriner avant d’en avoir réellement besoin. La vessie n’est plus habituée à se remplir, se défonctionnalise et cela entretien le phénomène ». Le spécialiste ajoute qu’il est possible de regagner de la capacité de vessie par le réentraînement vésical et le simple exercice d’accroître le temps entre les mictions. Les tâches de distraction peuvent aussi aider. Cette technique est enseignée par les kinésithérapeutes et les sage-femmes. Lorsqu’ils ont une envie urgente d’uriner, les patients sont incités à penser à autre chose. Effectuer une tâche de distraction qui demande une concentration assez importante permet de retarder la miction. « Scientifiquement, cette technique a montré une excellente efficacité pour inhiber l’envie urgente d’uriner et la contraction involontaire de vessie, et in fine, d’éviter des fuites », explique le Pr Peyronnet. Pour inhiber les sensations d’envie d’uriner dans les incontinences par urgenturie, il existe aussi des réflexes qu’il est possible de stimuler. Le réflexe périnéovésical inhibiteur consiste à contracter le plancher pelvien, ce qui inhibe par réflexe la contraction involontaire de vessie et peut faire passer une envie urgente d’uriner. Apprendre à bien verrouiller le bassin au travers de techniques de rééducation posturale est utile aussi. Des solutions de thérapie cognitivo-comportementale plus complexes, comme celles utilisées pour palier à la pollakiurie de précaution, sont désormais proposées aux patients. Ces techniques associent la modification du comportement physique et le travail sur le système nerveux central.

 

Vanessa Avrillon avec le Pr Benoît Peyronnet, urologue responsable du comité d’urologie et de périnéologie de la femme à l’AFU

Sur le même sujet, lire aussi l’article intitulé : « Troubles de la continence : la solution simple et durable des dispositifs médicaux ».

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